samedi 2 septembre 2017

Une manip « Popchat » à Pointe Suzanne – Programme IPEV - 279 - Dominique Pontier

Miguel et Mattéo, deux jeunes biologistes espagnol et italien, rejoignent Clément le « Popchat » à Pointe Suzanne.


Un « Popchat » pour « Population de chats » est un Volontaire du Service Civile (VSC) qui collecte des données relatives à la dynamique de population des chats harets sur l'archipel.
Quant à la Pointe Suzanne, qui se trouve au Nord de la presqu'île du Prince de Galle, elle doit son nom à Raymond Rallier Du Baty, en hommage à sa femme. Au Sud de cette presqu'île, se trouve la Pointe Guite  qui a quant à elle, été nommée selon le prénom de la sœur de sa femme, mariée à son frère, Henri Rallier du Baty : et oui, les deux frères ont épousé les deux sœurs !

Très vite après la base, en direction de la presqu'ile du Prince de Galles, le sol caillouteux devient sablonneux puis marécageux : c'est la langue de terre d'Isthme bas. Au bord de l'eau pousse Leptinella Plumosa. Il y a ensuite des lacs au sable noir, une montée en pente douce, un plateau où rien ne pousse que des cailloux, et la vue sur la mer, une étendue vide et ventée. 





Sur la route, Miguel et Mattéo disent deux phrases qui valent des poèmes :

« On m'a dit que Kerguelen, c'était le pays du vent, mais c'est faux : Kerguelen, c'est le pays des arcs-en-ciel ».





« Le printemps à Kerguelen ne s'annonce pas avec la venue des fleurs, mais avec la venue des animaux : lorsque les animaux arrivent, c'est le printemps ».

Au bout de la presqu’île, les cabanes de Pointe Suzanne haut et bas, éclairent de leurs blocs de couleurs le gris alentour. Ces cabanes sont utilisées par les scientifiques pour réaliser leur travail dans les milieux propices. 
La cabane du bas est posée sur un coin de verdure, au pied d'une colline, face à la mer: les vagues se percutent à cet endroit où se rejoignent les hauts fonds de la baie Norvégienne et celle du grand large. 

La cabane est construite de 4 modules recouverts de bois en forme de U : deux modules chambres, un module science, un module cuisine et une terrasse au centre. Les modules sont amarrés au sol pour les retenir du vent.



Le programme Popchat étudie la dynamique de population des chats harets dans l'archipel : au niveau de leur génétique, de leur répartition géographique et de leur mode de vie, afin de connaître leur impact sur l'avifaune locale et de trouver les meilleurs moyens de lutter contre.

Ce sont 4 chats noirs et blancs qui ont étés introduits dans l'archipel vers 1950, ils sont aujourd'hui plusieurs milliers, noirs ou noirs et blancs, rarement tout blancs.
Le Popchat effectue quelques échantillonnages et mesures de chats capturés puis relâchés : des prélèvements biologiques (moustaches, poils et prise de sang) et mesures biométriques (l'animal est mesuré et pesé) sont effectuées. Des colliers GPS sont installés sur les chats adultes.


Ces suivis permettent d'individualiser les chats au fil des saisons et d'étudier l'évolution de leur régime alimentaire et de leur dispersion. Chaque chat est nommé dans la base de données d'un nom rigolo : chat  « fais chanter les abeilles », chat  « dore les sushi » chat  « chufi » chat  « badabada » chat « perlipopète » chat  « pristi » chat « lumeau » etc. 
Depuis le début du programme près de 1800 chats différents ont ainsi été identifiés.



A chaque session et sur différents sites, le Popchat compte également le nombre de chats qui passent sur un « line transect » : une ligne imaginaire délimitée par deux points distants de 3 à 5 km, afin d'estimer la densité de population des chats sur l'archipel.
Le programme Popchat existe depuis plus de 20 ans.






Présentation du programme par l'Institut Paul-Emile Victor

Déterminants biotiques et abiotiques de la dynamique des populations de chats de la Grande Terre de l'archipel des Kerguelen

L'objectif est de comprendre différents aspects de l'intégration du chat dans l'écosystème de la Grande Terre (île principale de l'archipel des Kerguelen), en combinant des approches empiriques et théoriques. Une première partie comprend l'étude des facteurs biotiques (lapins, oiseaux) et abiotiques (conditions climatiques : température et précipitations) qui déterminent la dynamique des populations de chats et le patron de synchronie des fluctuations d'abondance/densité entre les différents sites d'étude. Plusieurs hypothèses permettant d'expliquer la synchronie des fluctuations d'abondance/densité sont abordées. Elles nécessitent d'étudier la structuration spatiale des populations de chats à partir de l'étude de l'organisation de la variabilité génétique spatiale de ces populations. Une deuxième partie explore plus spécifiquement les interactions prédateur-proie et en particulier le degré de spécialisation du régime alimentaire des chats en fonction des caractéristiques des sites d'étude en termes de diversité de proies et de la variabilité temporelle de la disponibilité en proies. Elle permettra de déterminer les espèces d'oiseaux marins les plus menacées par la prédation. La dernière partie du programme vise à développer un modèle de dynamique de populations de chats qui intègre l'ensemble des connaissances qui seront acquises sur les interactions prédateur-proie, afin de prédire l'abondance des chats en fonction des variables qui se révèleront pertinentes. Ce modèle sera utile dans le cadre d'actions qui pourront être mises en place par les gestionnaires de la réserve pour contrôler les populations de chats sur certains sites sensibles.

   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire